Les crécelles

Publié le par Baldenberger

Les crécelleurs vont connaître leur quart d’heure de popularité à partir du Jeudi saint. Accompagnés du crépitement de leur instrument de sollicitation massive – la crécelle (Kläbberkaschte, en platt, Ratsche, en allemand) – leurs refrains remplaceront les sonneries des cloches des églises catholiques, les seules à “partir à Rome” jusqu’à Pâques.

Les crécelleurs vont connaître leur quart d’heure de popularité à partir du Jeudi saint. Accompagnés du crépitement de leur instrument de sollicitation massive – la crécelle (Kläbberkaschte, en platt, Ratsche, en allemand) – leurs refrains remplaceront les sonneries des cloches des églises catholiques, les seules à “partir à Rome” jusqu’à Pâques.

La tradition est liée à la croyance qui veut que les cloches partent à Rome durant la Semaine Sainte.

 

Lors de la Semaine Sainte, en signe de pénitence et de deuil, les cloches se taisent après le Gloria de la messe de la Sainte Cène jusqu'au matin de Pâques où elles carillonnent joyeusement la résurrection du Christ. Elles doivent alors être remplacées par les crécelles, que les enfants de choeur faisaient sonner dans les rues du village trois fois par jour pour marquer l'angélus du matin, le midi et l'angélus du soir.

Les crécellesLes crécelles
Les crécelles
Les crécelles

Autrefois, prêtées aux enfants de chœur ou, au milieu du XXe siècle, réservées aux communiants qui avaient l'honneur d'agiter les crécelles trois fois dans la journée aux heures habituelles de l'angélus, l’évolution des mœurs et la désaffection de la pratique religieuse, font que les groupes sont mixtes et comprennent les enfants et adultes qui acceptent de se lever très tôt, et qui sont animés par le souci du maintien du patrimoine et des traditions !

Après la messe du jour de Pâques, les crécelleurs, appelés aussi « bruants » ou « brouants » en patois vosgien, "ratscher" ou "raffler" en Alsace, effectueront leur dernière tournée de porte en porte pour recevoir le fruit de leurs efforts. Dans le sud-ouest vosgien, on appelle cette tournée « la roulée ». Il s'agissat de récolter des friandises ou plus souvent quelques pièces de monnaie dont le chef des crécelleurs faisait le partage entre tous. Souvent, une partie de l'argent est réservée à une œuvre charitable.

Mais jadis, l'argent étant rare, les crécelleurs recevaient des œufs, du beurre et de la farine ; ils se réunissaient alors chez l'un d'entre eux pour faire des crêpes. Ces produits pouvaient aussi être vendus au boulanger du village et l’argent réparti entre les enfants.

 

Les crécelles

Une tradition qui nous replonge pourtant dans l’Histoire. Même si le mot "crécelle" est d'origine incertaine, certains le rapprochent du latin « crepicella » ou de « crepitaculum ». Le dictionnaire la donne comme apparue au XIIe siècle.

Au XVIIIe siècle, Boileau le citait : « Prenons du Jeudi saint la bruyante crécelle ».

 

Il s'agit fort probablement au départ d'un jouet d'enfant fabriqué à la maison de manière artisanale.

 

 On l'utilisait au Moyen âge aussi afin d'avertir du passage de personnes infectieuses, atteintes de maladies redoutées comme la lèpre ou la peste. En Lorraine , des écrits nous rappellent qu'elle servait aux lépreux pour s'annoncer lorsqu'ils évoluaient dans un lieu public. Les magistrats messins autorisèrent les lépreux à quitter leurs bordes et à quêter dans les rues en s’annonçant au bruit de la crécelle.

La coutume d’utiliser la crécelle le Vendredi et le Samedi saints viendrait-elle de là ?

Les crécelles

Dans la tradition de l’Eglise catholique, les crécelles font aussi partie du mobilier liturgique de la sacristie : elles servaient notamment au moment de l’élévation à la messe du Jeudi Saint, à la place des clochettes que l’on agitait d’habitude. Le mécanisme se limitait à la résonance de heurtoir sur une planchette. (crécelle à mailloche)

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Selon les témoignages oraux, Wihr au Val (Haut-Rhin) était fidèle à la tradition ;

En 1989, dans le « cahier de Wihr au Val », il est relaté que "20 « rafflas » (dérivé de Ratsch : crécelle en alémanique) confectionnées par M Henri Schielé et M René Klein ont été offertes à la mairie."

Depuis, un groupe de citoyens continue à perpétuer la tradition.

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