Je suis née à Manhattan (Etats-Unis) le 2 décembre 1923, dans une famille d’immigrés grecs. Ma mère est passionnée de musique.
En 1936, mes parents se séparent et je rentre au pays en compagnie de ma sœur et de ma mère.
En 1937, j’entre au Conservatoire National Grec. J’ y étudie avec Maria Trivella, qui me conseille de chanter dans une tessiture plus élevée que le contralto que je pratiquais jusque-là.
En 1938, je me produis sur scène pour la première en fois dans un récital de fin d’année, où je chante un extrait de Tosca de Puccini.
En 1939, je donne ma première représentation d’opéra, dans le rôle de Santuzza dans une production étudiante de Cavelleria Rusticana de Mascagni.
En 1939, je passe du Conservatoire National Grec au plus prestigieux Conservatoire d’Athènes.
Je fais mes débuts professionnels en 1941 à l’Opéra National Grec d’Athènes, dans un petit rôle, celui de Béatrice dans l’opérette Boccaccio de Franz von Suppé. En 1942, j’y joue mon premier rôle important, Marta dans Tiefland d’Eugen d’Albert, et je continue à m’y produire le long de la guerre.
Après la Libération, je pars tenter ma chance aux Etats-Unis et je coupe complètement les ponts avec ma mère. Les débuts sont difficiles, d’autant que mon timbre si caractéristique n’est pas du goût de tout le monde.
En 1947, j’obtiens une audition avec le directeur artistique des Arènes de Vérone pour le rôle-titre dans La Gioconda de Ponchielli. Je décroche ainsi mon premier grand rôle. Je rencontre également mon premier mari, Giovanni Battista Menighini, qui sera mon manager jusqu’à la dissolution de notre mariage. J’enchaine avec la plupart des grandes scènes d’Italie. Ainsi, en 1947, je fais mon début à la Fenice dans le rôle-titre de Tristan et Isolde de Wagner. La même année, c’est au Teatro Communale de Florence que je chante pour la première fois l’un des rôles qui resteront toujours associés à mon nom, la Norma de Bellini.
En 1949, trois jours seulement après avoir chanté La Walkyrie (Brunnhilde) de Wagner à la Fenice, j’y chante Elvira dans Les Puritains de Bellini. J’apprends mon rôle à la dernière minute. Et pourtant, Les Puritains est un triomphe. j’insuffle justement une vigueur dramatique dans ce rôle, qui n’était alors considéré que comme un vain exercice de vocalise.
La même année, elle j’effectue mes premiers enregistrements, permettant à ma voix si particulière d’être entendue à travers le monde. Cette voix se distingue par ses trois registres différents : un premier dans les graves, sombre et dramatique, un deuxième dans les médianes, dont le timbre a souvent été comparé à un hautbois, et un troisième dans les aigus, d’une puissance et d’un éclat sans commune mesure avec la plupart des coloratures. Cette spécificité a fait dire à certains que j’avais trois voix !
En 1950, je fais ses débuts à la Scala de Milan en remplaçant Renata Tebaldi dans le rôle d’Aida (Verdi). Sa rivalité avec cette dernière défraie la chronique tout au long de nos carrières.
Je fais mon vrai début à la Scala en 1951, en Elena dans Les Vêpres Siciliennes de Verdi. Florence en 1951, ainsi qu’Armida de Rossini, à Florence également, en 1952. La même année, je fais mes débuts à Covent Garden dans Norma, où chante également la jeune Joan Sutherland, qui deviendra l’une des chefs de file de la génération post-Callas.
En 1953, je réalise un célébrissime enregistrement de Tosca pour EMI.
La même année, alors que je m’apprête à chanter Médée à Florence, j’ entame un régime drastique : ma perte de poids aura un impact sur ma voix, mais mon nouveau physique contribue à une aura scénique et à mon statut de vedette. En 1954, je chante La vestale de Spontini à la Scala.
C’est également en 1954 que je fais mes débuts au Lyric Opera de Chicago dans Norma. Ma carrière est à son apogée. En 1958, je fais mes débuts à l’Opéra de Paris en récital. La même année, la Traviata est enregistrée à Lisbonne et rentre dans les annales.
La décennie 1960 est en dents de scie : ma voix se dégrade du fait du nombre important de concerts chantés, du régime drastique que je m'impose et d'une maladie mal diagnostiquée. Les médias donnent désormais une grande importance aux aspects extra-professionnels de ma vie, tels que ma liaison avec le magnat grec Aristote Onassis, dont je deviens sa maîtresse en 1959, lors d’une croisière. Ma voix commence à échapper à mon contrôle. En 1964-1965, je réalise ce qui s’apparente à une tournée d’adieu, donnant les rôles les plus emblématiques de ma carrière dans les plus grandes salles : Médée, Norma et Tosca.
Les dernières années de ma vie sont amères. Onassis met fin à notre liaison en 1969 afin d’épouser Jacqueline Kennedy.
En 1970, je suis hospitalisée après une overdose de barbituriques. Mon dernier concert a lieu le 11 novembre 1974 à Sapporo, au nord du Japon. Je finis sa vie recluse dans un appartement parisien, où je meurs subitement le 16 septembre 1977. Les circonstances de ma mort n’ont jamais été totalement éclaircies.