Le premier doge à autoriser le carnaval fut Vitale Falier, en 1094.
Le carnaval de Venise débutait par un bal et se poursuivait par de petites fêtes locales sur les campi : théâtre, concerts ou jeux.
Les vénitiens, de toutes conditions sociales, enfilaient alors le TABARRO (une longue cape noire) et dissimulaient leur identité derrière la BAUTA (un masque blanc) et sous un tricorne.
Tous devenaient alors égaux et tout était permis à tous.
Bientôt, les « déguisements » devinrent plus évolués, en puisant leur inspiration dans les costumes que l’on connaissait alors, ceux de la Comedia dell’Arte. La ville toute entière se transformait, chantait, dansait. Venise était la ville de la séduction et du plaisir de vivre.
Mais certaines pratiques furent contestables. Les jeunes, déguisés en clown dans leur costume de MATTACINO, lançaient des oeufs emplis d’eau de rose sur les belles passantes. Quant à celles jugées moins séduisantes, elles recevaient des oeufs … pourris.
En 1268, un décret interdit aux hommes masqués de s’adonner à ce jeu. On comprend bien que le gouvernement, ayant interdit en vain cette pratique, finit par protéger le passage des femmes par des filets.
Au 16e siècle, contrôlé par les autorités, le carnaval de Venise officialisa certaines coutumes, comme le port du masque, les divertissements sur les petites places.
Beaucoup de jeux particulièrement cruels, et heureusement disparus, se déroulaient alors au détriment d’animaux.
Le 18e siècle connut l’apogée du carnaval de Venise.
A certaines occasions, de plus en plus nombreuses, certains vénitiens prirent l’habitude de porter un masque. Cela pouvait donner l’impression d’un carnaval qui durait … 6 mois. Mais il s’agissait simplement de porter un masque et non d’une fête.
Rien à voir avec le carnaval.
En 1797, sous la domination de Napoléon, le Carnaval de Venise fut interdit.
Les Autrichiens finirent par réhabiliter la fête. Mais le Carnaval ne connut plus le même enthousiasme populaire.
C’est vers la fin des années 1970, que quelques adolescents renouèrent avec la tradition -certes contestable- des oeufs pourris. Ils lançaient aussi de la farine et faisaient la fête sur les campi. Le nouveau Carnaval de Venise était né. Le raffinement des costumes et l’élégance des déambulations des costumes ont pris le dessus sur ces jeux ; de nombreuses fêtes se déroulent dans des lieux plus fermés tels que les palais et riches demeures vénitiennes.
Le carnaval dure aujourd’hui les 10 jours précédant le mercredi des Cendres.
Malgré l’enjeu économique, qui aurait pu ternir cette fête extraordinaire, le carnaval de Venise attire encore les visiteurs du monde entier. Dans Venise, tout est loué et réservé longtemps à l’avance. Les prix s’envolent. Les rues et les ruelles sont saturées de promeneurs. Quelques embouteillages piétonniers devant les vaporetti, sur les ponts ou dans les étroites ruelles.
De nos jours, les costumes (traditionnels ou originaux) sont laissés à la libre appréciation de chacun. Ils ne sont pas obligatoires, bien sûr, mais participent de l’esprit de carnaval de Venise.
MAIS ATTENTION : On ne se déguise pas au Carnaval de Venise. On se costume.
Rien de trivial, rien de grossier. C’est le Carnaval de l’élégance et du raffinement